Le Parc et les mains jetées
Tout le monde connaît ça, le frisson du sport. Même ceux qui ne bougent pas de leurs canapés, avec les mains toutes graisseuses de chips... Oui, ceux-là aussi peuvent (malheureusement) sentir grimper le thrill, devant un match endiablé ou face à un sprint qui se jouera à la photo finish pour déterminer le vainqueur.
Pour le coup, au niveau adrénaline, nous n'avons pas été déçus. Bien avant le match, la tension était déjà à comble. Les élastiques du masque étaient tendus comme des arcs sur nos mâchoires crispées dans l'attente de l'annonce officielle des pions qui allaient sauter, sur l'échiquier qui oppose la Belgique au Covid. C'est la seule partie où tout le monde perd, sauf notre adversaire.
En attendant de pouvoir lui mettre la raclée de sa vie, nous en sommes toujours à tenter de décrypter les pictogrammes officiels pour organiser le lendemain. Un lendemain qui repose sur les dessins d'enfant du gouvernement un, du gouvernement deux, du gouvernement trois... On révise nos matières de maternelle, parce que bon... demain, il y a match !
Pierre, papier, ciseaux... Un mail, deux mails, trois mails. Un merci, deux remerciements et trois bravos à la fédération et aux responsables du Parc d'avoir communiqué aux membres quasiment en temps réel. Well done.
Balle au centre !
Contre toute attente et avec plein d'espoir... Mesdames et messieurs, ce samedi les U16B1 jouent contre l'Antwerpen. Masques, gestes barrières et frontière linguistique vite franchie, composent la tenue des fans absolus des deux clubs.
Un parent par boy, un boy pour tous, tous pour le Parc ! C'est parti, la balle dépote solidement d'un côté à l'autre du terrain. C'est là que nous nous rendons compte que nos petits garçons sont tout de même devenus costauds. C'est plutôt viril comme partie, mais cela reste gentleman. Force est de constater que les analyses vidéos des matches antérieurs portent petit à petit leurs fruits. D'ailleurs, Maxime Bergez est fidèle au poste dans son nid d'aigle, avec sa mallette d'agent secret.
On ne va pas se gausser, tout n'est pas parfaitement en place; sans quoi, nous n'en serions pas à hurler de stress et de joie sous la tribune. Plaisant, certes. Stressant aussi.
De fil en aiguille, on tricote un peu devant leur goal. Heureusement, leurs attaques sont un peu décousues également et finalement les boys leur taillent un short, Max B mouille sa chemise et troue leur étendard en cotte de maille. Bref, concrètement, nous menons avec un but d'avance. On pense que c'est dans la poche, mais les sanglots longs des violons de l'automne résonnent dans nos choeurs d'autochtones, parce qu'ils égalisent aussi vite que la banquise ne fond.
Les joueurs du Parc voient blanc, sautent en marche sur le téléphérique vers les sommets d'Auderghem et déclenchent une avalanche sur la vallée d'Anvers. Petite balle qui roule deviendra grosse, Téo fait son Jagger et enroule le rock au stade deux, l'Antwerpen prend l'eau.
Pas de chance, nos adversaires du jour sortent les sirènes du port d'Alexandrie. Quels sont donc les beaux yeux, des filles dans chaque port, qui viennent distraire nos boys? Nul ne le sait excepté l'arbitre qui pointe le rond central. Anvers hisse la grand voile... Nous en sommes à deux à deux. Cap sur la suite.
Ecran pub. Sept caractères pour vous dire que Ovomaltine c'est de la dyna...
Boum ! Max B. explose à nouveau leur prose. Nous ne sommes pas là pour faire de la poésie mais pour gagner. Et la gagne, ça sent le fauve dans cette partie. Pas grave, nous rentrerons avec les fenêtres ouvertes. Ceci dit, le Parc contre le Zoo, à trois contre deux, ça fleure bon la fin de match gagnante...
Nota béné de milieu de texte: gagnant ou gagnante? Est-ce la fin ou le match qui l'emporte? Réponse: verdomme, niemand!
La tête plongée dans mon Bescherelle, je loupe Anvers qui conjugue le verbe "égaliser" au présent! On ne l'a pas vu passer celui-là. Et nos boys non plus. Ils pointent cinq doigts au ciel dans une communion solennelle. Amen. Ou plutôt... Ostia !
Ils ne sont pas contents du tout. Même notre gardien a enlevé son casque et file vers le référé du nord, avec force et tempête. C'est vague, les cinq mètres. Je replonge ma tête dans le Bescherelle à la recherche du temps perdu. Je, tu, nous, vous, ils perdent leur temps. L'arbitre a toujours raison.
Et même si le coeur a ses raisons que la raison ignore, en hockey c'est le fair-play qui rime avec boterham. Il rompit le pain et le scora aux deux équipes. Partie partagé en trois partout. On devrait être déçus, mais non..
Depuis ce début de saison des U16B1, on a tous eu le frisson du sport. Sur les terrains et sur les banquettes de bois. Ils nous a fait vibrer Le Parc. Merci les gars!
Une saison de hockey au Parc, c'est visiter le dictionnaire des sentiments. Bougonner, féliciter, ronchonner, encourager, traverser le pays, visiter nos terrains, découper des oranges, conseiller l'arbitre (parce que bon...), rire, tchouler, remercier le coach, coacher en secret, se lever tôt, s'asseoir au bar, taper des pieds, se réchauffer les mains, boire un café, boire une bière, offrir une limonade, ne plus pouvoir boire rien du tout, porter un masque...
Attendre.
A ce jour, seules les petites têtes blondes du Parc peuvent encore défendre nos couleurs. Alors, toute notre équipe est derrière vous, pour vous encourager... les petites et petits loulous survolté.e.s du Parc. Amusez-vous, surtout!
Signé, les U16B1 de la Famille du Parc.
Nota béné de pause. Ce n'est qu'une trêve. Pensez la santé, c'est un rêve. OK, elle était facile...je sors. Mais, je reviendrai et vous serez tous là.


